J'ai assisté hier, avec ma copine Céline, aux tables rondes organisées par la ville de Lyon à l'occasion de la journée de la femme. Une salle luxueuse, des dorures partout, des femmes partout (je dirais environ 300) et quelques hommes à compter sur les doigts d'une main perdus au milieu de nous toutes. Ca change non?

Quatre associations féminines sont à l'origine de cet événement (HEC au féminin, le Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles, Action'elles et Femmes chefs d'entreprises). Objectif de la soirée : Rassembler les femmes lyonnaises chefs d'entreprises et discuter ensemble de la position de la femme au travail et de la femme chef d'entreprise. Hum! hum Moi avec ma toute jeune et toute frêle "auto-entreprise", j'étais là à entendre quelques paroles du type "Vous les femmes qui dirigez (!!), la société a besoin de vous, créer est l'avenir professionnel ..." j'arrête là! Mais ça fait pas de mal de se faire du bien, hein (même si finalement je me sentais vraiment toute petite) ?

Voici en vrac ce qui me reste de ces témoignages très intéressants de ces femmes dirigeantes :

- Ce n'est malheureusement pas un mystère, les femmes doivent en faire 10 fois plus qu'un homme pour espérer s'imposer, être écoutée et/ou payée comme un homme. Et ca ne marche pas à tous les coups en plus. quelle ténacité!

- Le monde du travail reste très masculin et ces messieurs réseautent entre eux pour briguer toutes les places dans les conseils d'administration, les comités éxécutifs bref dans tous les hautes-fonctions. Dur dur pour les quelques femmes seules qui s'y trouvent et qui sont obligées d'adopter des comportements au-delà de leur personnalité, des comportements masculins et même agressifs pour se faire entendre.

- Une super idée je trouve : on parle toujours de l'accès des femmes aux métiers d'hommes mais pourquoi n'encourage-t-on pas également la masculinisation de certains métiers? Par exemple, plus d'hommes pour nos loulous dans le secteur de la petite enfance participerait à une bonne éducation moins sexiste pour les enfants?

- Ah oui parce figurez-vous que les pensées sexistes sont déjà en place dans la tête d'un enfant de 5 ans, aberrant non? Je n'aurais pas d'enfant je n'y aurais pas cru! mais l'autre jour mon Thomas (2 ans et 8 mois) m'a dit en regardant un échafaudage : "maman ce sont les messieurs qui montent à l'échelle pas les dames? Ben pourquoi tu dis ca mon tom-tom maman elle peut aussi monter sur une échelle? "NON Maman pas les dames mamans " m'a-t-til répété d'un ton sec et autoritaire. J'étais sciée. Mesdames, pensez à l'éducation de vos garçons!!! y a du boulot

- La maternité est toujours évoquée comme un frein, une contrainte, un problème. Ca je vous avoue que ca me laisse toujours perplexe. Pourquoi la maternité n'est jamais évoquée positivement ? Je pense que tant qu'on se mettra en opposition avec la maternité dans le monde professionnel nous serons toujours tiraillées ce sera très difficile de réussir, de s'imposer de changer les choses. Ce qui fait qu'on est obligé de se comporter en "mec", de ne pas s'écouter pour réussir professionnellement. Faisons de la maternité une force? ce n'est pas un programme facile mais pour moi la seule voie pour changer les choses durablement.

- Pour aller dans ce sens, l'idée de créer des maisons des entrepreneuses avec des crêches serait un bel outil pour les femmes. Car je suis bien placée pour vous dire que c dur dur de bosser à 3 mètres de son lit, rythmée par les horaires des enfants.

- Les femmes ont à tort moins confiance en elle que les hommes (c'est un fait). Alors réseautons, entraidons-nous voici les clefs de la réussite.

Et pour terminer sur une note si réaliste et si triste qui renvoie au titre de cet article. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, a bien entendu inauguré cette soirée par un discours qui se voulait encourageant, solidaire et optimiste mais il s'est trahi en invoquant le fait que les opinions des femmes notamment en politique étaient "quelque fois intéressantes". Vous avez bien entendu "Quelque fois" et répété 2 fois de suite. Des murmures, des chuchotis, puis des "ouhhhh" de la salle l'ont fait se reprendre "je voulais dire souvent bien sur!"

Bref, le combat est encore long.

(ah oui autrement venons en à l'essentiel le cocktail était bien bon et je serai toujours mal à l'aise avec ces personnes qui regardent par-dessus votre épaule, sans vous écouter, pour flairer celles qui sont plus importantes et qui vous flanquent avec des inconnus pour vite s'échapper et aller se faire mousser plus loin)

Etre quelques fois intéressantes

Partager cet article